La Serpe, de Philippe Jaeanada, août 2017
La Serpe, de Philippe Jaeanada
J’ai lu ce week end La Serpe de Philippe Jaenada. C’est l’histoire d’Henri Girard, connu plus tard sous le nom de Georges Arnaud («Le salaire de la peur», 1950), qui a défrayé la chronique en octobre 1941.
Dans la nuit du 24 au 25 de ce mois, il se trouve dans le château familial d’Escoire (Dordogne) et découvre au matin les corps morts et terriblement ensanglantés de son père, de sa tante et de la bonne. De la chambre où il était, il n’a pu entendre le moindre bruit du carnage nocturne. Mais il est rapidement considéré comme suspect puis comme le seul meurtrier possible. La serpe est l'arme du massacre.
Emprisonné durant dix-neuf mois, son procès, qui s’annonçait comme perdu d’avance, se déroule en mai 1943. Grâce à la plaidoirie de Maurice Garçon (le Dupont-Moretti de l’époque), non seulement il sauve sa tête mais est acquitté !
Toute sa vie est racontée, au terme d’une très habile construction de l’intrigue et au bout de 288 pages. On se demande ce que l’auteur va raconter ensuite jusqu’à la page 634… ?!
Eh bien, Philippe Jaenada va tout démonter, toutes les invraisemblances de l’instruction, toutes les pistes abandonnées, tous les partis-pris et les couardises des magistrats et de la police, toute la fainéantise des institutions. Il accède au dossier des archives, enfin communicable, aux archives départementales de Périgueux.
Et on ne lâche pas le livre. Car si ce n’est pas Henri Girard l’auteur du triple meurtre d’Escoire, qui est l’assassin ? Jaenada propose une hypothèse, très étayée, dont la probabilité approche la certitude. Passionnant, malgré l’irritation que m’a causé, au début du livre surtout, le style de l’auteur avec ses incises narcissiques - mais elles diminuent au cours du récit. Une enquête gigantesque. Magnifique.
Michel Renard
La Serpe, de Philippe Jaeanada, Julliard, août 2017
la rotonde du château d'Escoire